Autotests de dépistage : l'avis du CNS

Les problèmes éthiques posés par la commercialisation d’autotests de dépistage de l’infection VIH

 

Comité consultatif national d’éthique pour les sciences de la vie et de la santé

Avis n°119, 21 février 2013

 

Le Comité consultatif national d’éthique pour les sciences de la vie et de la santé (CCNE) a été saisi par Mme la Ministre des affaires sociales et de la santé, par lettre du 8 août 2012, sur « les problèmes posés par la commercialisation d’autotests de dépistage de l’infection au VIH ».

 

En effet, le 3 juillet 2012, l’agence américaine des médicaments, « Food and Drug Administration » (FDA), a autorisé la mise sur le marché d’un test rapide d’orientation diagnostique (Oraquick® sur prélèvement salivaire), en tant qu’autotest sans supervision médicale. Depuis octobre 2012, ce test est en vente libre dans plus de 30 000 points de distribution aux États-Unis et est accessible sur Internet. Une telle commercialisation pourrait-elle contribuer à diminuer le nombre des nouvelles contaminations en France ? Et quels problèmes éthiques serait-elle susceptible de poser ?

 

D’une manière générale, le principe des autotests est de permettre à toute personne de réaliser et de lire elle-même le résultat d’un test de dépistage de l’infection par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH), sans intervention de quiconque, avec un matériel disponible dans le commerce et directement accessible. Un tel test peut actuellement être effectué soit sur une goutte de sang prélevé au bout d’un doigt soit sur la salive, et son résultat, interprété par la personne elle-même, est obtenu rapidement en 20 à 30 minutes.

 

La question des problèmes éthiques posés par la commercialisation d’autotests dans le dépistage de l’infection par le VIH n’est pas récente : plusieurs avis ont été déjà rendus sur la mise à disposition de ces autotests, tant par le CCNE, avis n° 86 en novembre 2004, que par le Conseil National du Sida (CNS) en 1998 et 2004. Ces avis, dont les recommandations sont disponibles en annexe, mettaient en garde contre l’utilisation de ces autotests. La raison principale tenait à l’absence de soutien, à l’occasion de la réalisation de ces autotests, par des professionnels de santé capables d’accompagner la découverte éventuelle de la séropositivité, et la solitude de la personne face à cette situation grave pour elle-même et potentiellement pour d’autres. D’autres raisons tenaient aux manques de fiabilité des tests, à la difficulté de réalisation correcte et d’interprétation par des non professionnels, aux risques de donner une fausse impression de sécurité en cas de résultat faussement négatif et de favoriser par là des conduites à risque, ainsi qu’à la possibilité que des pressions d’origines diverses soient exercées sur des personnes dans le but de réaliser le test et d’en lire le résultat, mettant en jeu la confidentialité et la liberté de celles-ci. Mais la lettre ministérielle de saisine fait aussi état de ce que « depuis, le contexte du dépistage du VIH a notablement évolué en France comme dans le monde. » Il en va de même de la prise en charge de l’infection par le VIH, de l’évolution de la maladie due au VIH et de sa représentation.

 


Télécharger l’avis du CNS (.pdf) :

 

Les problèmes éthiques posés par la commercialisation d’autotests de dépistage de l’infection VIH

 

 



11/04/2013
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