Cameroun : proposition alternative aux nouvelles lois sur le VIH/Sida

Journée mondiale de lutte contre le sida :

Les personnes vivant avec le sida dénoncent la stigmatisation et l'absence d'une législation au Cameroun

 

Par Raphaël MVOGO

 

 

Des associations de personnes vivant avec le VIH/SIDA ont dénoncé samedi à Yaoundé, deux jours avant la Journée mondiale du SIDA, la stigmatisation persistance à leur égard et l'absence d'une législation face à cette pandémie dans le pays, lors d'une réunion ayant au menu des discussions sur une proposition de loi soumise par elles au parlement.

 

"Globalement, avec le travail de sensibilisation qui se fait depuis des années, la stigmatisation n'a plus la même ampleur. Mais on a des gens qui ont perdu leur emploi à cause de leur statut de séropositif. On a des procès en justice pour que ces personnes soient réhabilitées dans leurs droits", a déclaré le président du Réseau camerounais des associations des personnes vivant avec le VIH/SIDA (RéCAP), Michel Olivier Irogo.

 

"On a aussi les cas de diffamation, à propos des personnes dont le statut est jeté en pâture sur la place publique. Dans les villages, contrairement aux grandes villes comme Yaoundé et Douala om la situation a beaucoup évolué favorablement, il y en a qui souhaitent même que les personnes vivant avec le VIH soient enterrées vivantes", a-t-il ajouté.

 

Selon lui, le refus par les autorités camerounaises de faire voter une loi sur la pandémie, pour suivre l'exemple des pays africains comme le Tchad, la République centrafricaine (RCA), le Togo, le Burkina Faso, le Mali ou encore la Sierra Leone, est une forme de discrimination.

 

Coordonnateur du Réseau sur l'éthique, le droit et le SIDA (REDS), Jean-Marie Talom a déploré le mutisme du programme des manifestations de l'administration en charge de la Santé publique à l'occasion de la Journée mondiale 2009 face au thème choisi par l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

 

"Le thème de la Journée mondiale est axé sur les droits humains liés au VIH/SIDA. Dans le programme officiel, aucune allusion n'y est faite. C'est hallucinant. Je m'attendais aux débats sur l'accès aux soins ou la discrimination en milieu professionnel", a- t-il souligné.

 

Lors de leur réunion samedi dans la capitale camerounaise, sous le thème "Loi sur le SIDA : où en sommes-nous au Cameroun ?", les membres du RéCAP ont exprimé une sorte de mal-être et de révolte sourde face à une attitude qui consiste à continuer à considérer le SUDA comme "une maladie de la honte".

 

Ils ont également dénoncé ce qu'ils estiment comme l'hypocrisie autour de leurs droits et ce qui, aux yeux d'Huguette Atchomou, séropositive depuis 13 ans et présidente de l'association "Espoir et vie Cameroun", se résume à un fonds de commerce entretenu sur leur situation.

 

"Ce sont ceux qui ne sont pas infectés qui s'engraissent sur le dos des malades. Ce sont des sommes d'argent importantes qui sont dépensées tout le temps, à l'occasion des activités liées au SIDA", s'est indignée cette jeune Camerounaise de 33 ans.

 

Le Comité national de lutte contre le SIDA (CNLS) du ministère de la Santé publique estime à 5,1% le taux de prévalence du VIH/ SIDA au Cameroun en 2009 et à 553.000 le nombre de personnes vivant avec le virus de la maladie.

 

Dans la lutte contre ce fléau, les personnes infectées elles- mêmes, regroupées en associations, jouent un rôle central, tant dans la sensibilisation de l'opinion publique que dans le traitement et la prise en charge des malades.

 

Créée en 2000 par 3 associations, le Réseau camerounais des associations des personnes vivant avec le VIH/SIDA en rassemble à présent 46, réparties dans 80 localités dans les 10 régions du pays.

 

En février 2006, sous la houlette de l'association "Horizons Femmes", ces organisations de la société civile ont adopté une charte intégrée TB/VIH (tuberculose/VIH), "en vue d'un plaidoyer étendu en faveur des personnes qui souffrent ou qui sont susceptibles de souffrir de ces deux affections".

 

Cette fois-ci sous la conduite du Réseau sur l'éthique, le droit et le SIDA, elles ont élaboré, à destination des députés de l'Assemblée nationale, un avant-projet de loi fixant les droits et les obligations des personnes face au VIH/SIDA.

 

Ce texte découle du constat selon lequel "malgré les efforts accomplis et les moyens importants déployés jusqu'ici par les pouvoirs publics, la société civile et les partenaires au développement pour endiguer le fléau et réduire l'impact sur les communautés, la stigmatisation et la discrimination des personnes infectées et/ou affectées par le VIH persistent dans notre société ", souligne l'exposé des motifs.

 

Précisément, ces personnes "sont perçues par certains comme des pestiférés voire des être dangereux. Leurs droits sont quotidiennement bafoués à différents niveaux de la société, notamment dans la famille, à l'hôpital, en milieu de travail et en milieu carcéral".

 

Et le texte de déduire que "cette violation des droits réduit l'efficacité des programmes de prévention, des traitements et de prise en charge globale du VIH/SIDA".

 

Il s'inspire également de la réalité qui fait que "certaines personnes séropositives qui, devant la solitude et l'exclusion sociale, décident d'entraîner avec elles d'autres personnes et se conduisent de telle sorte que ces personnes soient contaminées".

 

"C'est un texte alternatif, qui vient compléter celui proposé par le gouvernement et qui n'a pas tenu compte des aspects du genre et des problèmes des jeunes", a expliqué à Xinhua Jean-Marie Talom pour qui la proposition de loi vise à rendre plus efficace la lutte contre le SIDA, où beaucoup reste encore à faire.

 

 

Article disponible à l’adresse suivante :

http://www.casafree.com/modules/news/article.php?storyid=40795

 

 



30/07/2010
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 169 autres membres