Drogues et VIH au Burkina : Principaux résultats de « ETUDES »
Principaux résultats de « ETUDES : Etudes sur les Toxicomanies, les Usages de Drogues et le VIH/Sida à Ouagadougou, Burkina Faso »
Vincent BASTIEN, Gombila René Hugues SANKARA, Augustin SANKARA
Association Kasabati, Octobre 2011
Au Burkina, la consommation de drogues est en hausse constante, et le pays est considéré comme l’une des plaques tournantes du trafic en Afrique. Pourtant, la politique actuelle se concentre plus sur la répression des usagers que sur la prévention et l’éducation des populations. Soutenu par Open Society Institute, ETUDES visait à comprendre la circulation et la consommation des drogues à Ouagadougou, à évaluer leurs effets parmi les PvVIH et en population générale, et à proposer des stratégies de réduction des risques intégrées aux programmes de lutte contre le Sida.
Méthodes
Après une revue documentaire et une analyse du cadre juridique et des documents collectés, Kasabati a ensuite conduit des enquêtes auprès de 5 publics-cibles : 21 PvVIH, 19 travailleuses du sexe, 13 détenus de la MACO, 16 artistes et 16 usagers de drogue en population générale. Au total, 86 entretiens individuels, 3 mapping et 4 focus-groups ont été réalisés. Toutes ces données collectées, classifiées et analysées, ont fait l’objet d’un rapport présenté en atelier de restitution.
Résultats obtenus
Les enquêtes ont révélé une forte consommation de drogues parmi les enquêtés, dont 49% de cas de polytoxicomanies. On observe une multiplicité des produits consommés, avec une prépondérance du cannabis (98%), des amphétamines et des solvants, mais avec une proportion importante de consommateurs de crack (35%), de cocaïne (19%) et d’héroïne (8%).
Concernant les liens entre usages de drogues et VIH, on note que l’héroïne n’est pas le seul produit consommé par injection. Il existe donc un risque majeur d’exposition au VIH avec d’autres produits (cocaïne, médicaments contrefaits…). On observe en outre un fort relâchement des comportements de prévention, tant chez les usagers VIH+ que chez les usagers VIH- : 76% des usagers infectés ne se protègent pas sous l’effet des produits. Dans le même temps, 67% des usagers infectés rencontrent des difficultés de suivi médical ou d’observance (65%).
Conclusion
Ces résultats montrent clairement la nécessité de prendre en compte la question des usages de drogues dans la lutte contre le Sida en Afrique de l’Ouest, et de répondre aux besoins des usagers de drogues. Ces besoins s’articulent autour d’une prévention du VIH/Sida adaptée à ces personnes et d’une prise en charge spécifique des usagers VIH+.