Une dynamique associative africaine voit le jour à Gaborone

Ethique de la recherche : une dynamique associative africaine voit le jour à Gaborone

 

SANKARA René, association Kasabati

Octobre 2009

 

A l'occasion de la IXème Conférence d'AIDSIMPACT, qui s'est tenue à Gaborone au Botswana du 22 au 25 septembre 2009, Sidaction et ses partenaires du programme Informed Consent se sont retrouvés pour faire le bilan dudit programme. A travers ce programme, Sidaction a financé pendant trois ans un programme intitulé « Ethique de la recherche en Afrique » au profit de sept structures1 afin de développer une expertise communautaire sur les questions liées à l'éthique de la recherche  en offrant aux associations les moyens d'agir et de défendre les intérêts des populations ciblées par les recherches.

 

Venus du Bénin, du Burkina Faso, du Cameroun, de la Côte d'Ivoire, du Nigéria et du Sénégal, les représentants des structures concernées par ce programme ont à cet effet organisé un atelier satellite le mardi 22 septembre 2009, au cours duquel plusieurs communications ont été présentées.

 

A l'ouverture de cette session satellite, la Directrice des programmes internationaux de Sidaction, a pris la parole pour remercier ses partenaires et souhaiter la bienvenue à tous les participants présents au satellite. Sa communication a porté sur les formes de la mobilisation associative sur l'éthique de la recherche. Revenant sur les trois années du projet, la présentatrice a rappelé les objectifs du programme Informed Consent et les différents projets financés au profit de ses partenaires, ainsi que les activités réalisées et les résultats obtenus. A la suite de Sidaction, quatre communications ont été présentées tour à tour par les associations du programme.

 

La première communication, présentée par le Centre régional de Recherche et de formation à la prise en Charge clinique de Fann (CRCF), a porté sur les activités d'information et de sensibilisation réalisées au cours de ces trois années. Ainsi, la présentation a mis en évidence les outils d'information (affiches, dépliants, brochures, etc.) conçus par les associations et leur modalité de diffusion. Le CRCF a expliqué que la conception et la diffusion de ces divers outils visaient à vulgariser les fondamentaux de la recherche et les principes éthiques y relatifs, de même qu'elles répondaient à un souci de dialogue entre chercheurs et monde communautaire amenés à mieux se comprendre pour protéger les participants à la recherche. En guise de conclusion, le CRCF a néanmoins interpellé l'assistance en s'interrogeant sur les capacités de la recherche à évoluer en tenant compte des besoins et des aspirations des communautés ?

 

Ce fut ensuite au tour de l'association Kasabati de présenter une communication sur le renforcement des capacités des acteurs de la recherche. Après un bref rappel sur les formations sur l'éthique déjà réalisées au Burkina, au Sénégal, au Cameroun et au Nigéria, et celles en préparation en Côte d'Ivoire et au Bénin, la communication s'est appesantie sur les leçons tirées de ces différentes expériences dans le domaine de la formation. On retiendra, entre autres leçons, la diversité des structures impliquées dans le renforcement des compétences sur l'éthique, la complémentarité des projets de formation, ou encore l'adaptation des modules aux besoins exprimés par les participants. On notera également que Kasabati a souligné l'importance du processus de construction collectif et dynamique de ces formations, basées sur le dialogue interdisciplinaire et sur l'émergence d'une véritable dynamique sous-régionale. Pour autant, une question reste posée : les pratiques et attitudes des acteurs de la recherche ont-elles évolué ?

 

La troisième communication a été présentée par le Réseau Ethique, Droits et Sida (REDS). Intitulée « Implication des communautés dans l'éthique de la recherche : existe-t-il un modèle ? », le REDS a d'abord relaté les expériences apprises à travers la mise en place des groupes de travail interassociatif (GTI) dans différent pays, afin de s'interroger sur l'évolution du modèle des Community Advisory Board (CAB). Présentés en tant que forme d'organisations communautaires efficaces pour la mobilisation des ressources humaines, le REDS a expliqué que les GTI permettent la mise en œuvre d'actions concertées et collectives pour une meilleure application de l'éthique dans la recherche. S'appuyant sur le cas du GTIA au Cameroun et du GTIE au Burkina Faso, la présentation a montré l'importance du rôle joué par ces groupes aux côtés des agences de recherche, en particulier pour ce qui concerne l'amendement des protocoles de recherche, le respect de la confidentialité et le recueil du consentement éclairé des participants.

 

La dernière communication de cette session, présentée par la New HIV/AIDS Vaccine and Microbicide Advocacy Society (NHVMAS), s'est penché sur le travail de veille éthique effectué autour des sites de recherche. Cette communication a montré le niveau d'implication des associations dans la veille éthique, soit en relation avec les comités d'éthique, soit en lien direct avec les chercheurs. Les activités de veille éthique entreprises par les associations se résument essentiellement à leur participation au sein des Comités Consultatifs Communautaires, ou à des enquêtes réalisées sur les projets de recherche menés dans leurs pays respectifs. NHVMAS a insisté sur le rôle de « chiens de garde » que les acteurs communautaires ont commencé à développer en Afrique, et sur l'importance pour les communautés de rester vigilantes face aux risques de dérives éthiques toujours possibles. 

 

A l'issue des communications, une table ronde a été organisée pour animer des discussions sur le contenu des présentations, et pour tenter de dégager quelques perspectives.

 

Ce satellite, qui a permis aux associations de faire le bilan de leurs activités sur l'éthique de la recherche, a montré la capacité et le dynamisme des structures associatives africaines à conduire des projets impliquant de nombreux enjeux politiques, sociaux et économiques, et où se jouent leur indépendance et leur crédibilité. Faciliter l'instauration d'un dialogue fructueux entre les chercheurs et les participants à la recherche sans compromission ni compromis, telle est leur ambition. Eduquer, sensibiliser, former, telle est leur mission.  C'est pourquoi les associations du programme Informed Consent, au sortir de cette session, voient leurs expériences se renforcer et leur complémentarité se confirmer. Devenir une force de négociation des conditions de la recherche est désormais un besoin unanimement ressenti. Mais cela demande un plan d'action sous-régional commun, pour unir ces associations à travers une coalition dont les contours seront discutés et circonscrits très prochainement.

 

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Pour télécharger sur les différentes communications, cliquez sur les liens suivants :

 

Ethique de la recherche en Afrique : Résultats du programme "Informed Consent", Claire MAGONE, Sidaction, France, 2009

Programme Informed Consent : Education et sensibilisation sur l'éthique, Caroline DESCLAUX et Saïdou BA, CRCF, Sénégal, 2009,

Renforcement des compétences des acteurs, René SANKARA, Kasabati, Burkina Faso, 2009

Implication des communautés dans l'éthique de la recherche : existe-t-il un modèle ? , Calice Y. TALOM, REDS, Cameroun, 2009

Les activités de veille éthique autour des sites de recherche, Morenike UKPONG, NHVMAS, Nigéria, 2009

 

 

1 REDS/GTIA (Cameroun), NHVMAS (Nigéria), CRCF (Sénégal), RACINES (Bénin), CHIGATA (Côte d'Ivoire), RAME et KASABATI (Burkina Faso)



07/10/2009
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