Cameroun : vers la gratuité du dépistage et des examens biologiques ?

1er mai 2007 - 1er mai 2012 :

« Investir dans la lutte contre le VIH, c’est garantir la croissance pour demain »

 

En ce jour anniversaire de la gratuité des ARV, l'association Positive-Generation demande au Chef de l’Etat du Cameroun d’octroyer la gratuité du dépistage de l’infection à VIH pour tous les camerounais ainsi que la gratuité des examens biologiques.

 


Yaoundé 1er mai 2012 - 5 ans après l’annonce par le gouvernement du Cameroun de la gratuité des antirétroviraux contre l’infection à VIH, Positive-Generation demande au Chef de l’Etat la gratuité des examens biologiques, un nouvel engagement plus fort à la hauteur des enjeux actuels et invite les acteurs de marquer un point d’arrêt pour se questionner sur les acquis, les défis, les enjeux de l’accès aux soins contre le VIH.

 

A partir de mai 2007, outre le traitement préventif des infections opportunistes et la réalisation des examens biologiques à des couts subventionnés, 67,3 % femmes (35 809) et 33,7 % hommes (17 429) ont bénéficié des ARV gratuitement, sans compter l’espoir, et le sentiment psychologique de sécurité que cela a apporté.

 

Pourtant, même s’il est vrai que cette politique de gratuité s’est accompagnée aussi d’une décentralisation des soins à travers la création des nouveaux centres de prise en charge, le non respect des dispositions en vigueur régissant l’accès aux soins et surtout les examens biologiques payants continuent d’occasionner des dépenses additionnelles, rendant utopique la réussite du traitement par les ARV gratuits. A cette délinquance, s’ajoutent, l’absence d’appropriation de la lutte par les autorités administratives au niveau des régions. Nous pouvons prendre le cas des comités régionaux de lutte contre le VIH (CRLS) qui devraient être présidés par les gouverneurs, et des comité communaux(CCLS) que devraient présider les Maires des communes, qui n’ont jamais fonctionné jusqu’ici.

 

Au fur et à mesure que l’épidémie de VIH augmente au Cameroun, les fonds nécessaires pour couvrir la réponse nationale augmentent également. En 2008, le Gouvernement a alloué environ 3, 3 milliards de francs CFA, ce qui représente 16% des dépenses totales nationales pour le VIH et le SIDA. Les foyers, les organisations non-gouvernementales (ONG) et le secteur privé ont fourni 2,3 milliards de francs CFA du total. Le restant (73%) provient d’organisations internationales et bilatérales. Selon les estimations du GTC/CNLS, les besoins financiers annuels pour le Programme de traitement, de soins et de soutien de la lutte contre le VIH augmenteront, passant de US$42 millions (21 milliards de CFA) à US$129 millions (plus de 64 milliards de CFA) en 2020.

 

Durant les 5 années de gratuité,, nous avons vu une lutte contre le VIH affaiblie par l’absence d’un élan de solidarité nationale ; altérée par le déni de la maladie et du malade, la stigmatisation et la discrimination envers les personnes infectées par certaines entreprises locales ; une lutte abâtardie par la non implication des parlementaires, des élus locaux et des entreprises locales et multinationales ; une lutte dominée par un manque de leadership politique à tous les niveaux, et surtout abandonnée à une mobilisation associative sans soutien et quelque fois fortement instrumentalisée. Nous avons vu le mal-être et parfois le désespoir sur le visage des patients fatigués par des déplacements kilométriques vers les unités de prise en charge, où parfois ils n’y découvraient que rupture, lenteur ou lourdeur dans les services.

 

En 5 ans, malgré le cout insupportable des examens biologiques, nous avons vu les responsables de certaines formations sanitaires profiter de la gratuité des ARV pour s’enrichir sur le dos des malades, à travers le rançonnement, la vente des réactifs, la vente des médicaments pour infections opportunistes, le surcout des consultations, le détournement et la mise en vente des ARV ; nous avons vu des milliers de nos camarades mourir faute d’examens et de traitements appropriés ce, malgré notre soutien psycho-social ; nous avons vu trainer en justice des militants associatifs dont le seul crime était d’avoir rappelé à l’Etat ses engagements notamment, l’allocation de 15% du budget à la santé conformément à la déclaration d’Abuja.

 

Plus que jamais, la future réponse du Cameroun que nous attendons, requiert un fort engagement politique et l’allocation des ressources conséquentes, à tous les niveaux dans la mesure où l’épidémie du SIDA ralentit les efforts de développement économique et détériore le tissu social de la population. Pour endiguer les effets dévastateurs de l’épidémie, le Cameroun doit élargir ses services de traitement, de soins et de soutien, ajouter à la gratuité des ARV la gratuité des examens biologiques afin d’optimiser la réussite des traitements et empêcher la transmission du virus de la mère à enfant, ainsi que de nouvelles infections parmi la population générale.

 

Au regard de ce qui précède, et compte tenu du fait que la recherche a démontré que le dépistage et la prise en charge précoce contribuent à une meilleure survie des PVVIH, nous demandons au Président de la République Son Excellence Paul Biya, la gratuité du dépistage de l’infection à VIH pour toutes les catégories de la population et la gratuité des examens biologiques.

 

Chaque fois que des dépenses sont faites précocement contre le VIH, c’est des économies faites dans le futur car investir contre le VIH/SIDA, c’est garantir la croissance pour demain.

 

 


Contact Presse:

Positive-Generation

Office located at Yaoundé Ngoa
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P.O. Box: 8908 Yaoundé 14,
Cameroon

Office: +237 22238860 or +237
22036327|

positive.generation@positive-generation.org |
www.camerounaids.org

 



02/05/2012
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