Mali : un regard critique sur la loi

Lutte contre le sida au Mali : un regard critique sur la loi

 

 

B. DOUMBIA

Journal l’Essor, 28 juillet 2010

 

La pandémie du Sida reste une menace à laquelle il faut s'attaquer sans réserve. Les personnes infectées par le virus de la maladie sont victimes de stigmatisation et de discrimination voire de violation de leurs droits. Et pourtant les pays africains ont commencé à légiférer sur la protection des personnes vivant avec le VIH-Sida. Notre pays a ainsi adopté la loi 06-028 fixant les règles relatives à la prévention, à la prise en charge et au contrôle du VIH-Sida. Cette disposition juridique qui comporterait des insuffisances était lundi au cœur d'une rencontre entre la mission conjointe Onusida-PNUD et la société civile. Le Réseau malien des personnes vivant avec le VIH-Sida (REMAP+) y a pris une part active. C'était en présence des conseillers aux droits de l'homme de l'Onusida, Mamady Diakité, et du Pnud, Béchir Ndaou, de la présidente du REMAP+, Mme Djerma Oumou Diarra.

 

Étaient aussi présents, le représentant de l'Onusida au Mali, Ben Wahab Abdoul Karim, le coordinateur du REMAP+, Modibo Kané.

 

La rencontre a insisté sur la nécessité de mettre en place des cliniques juridiques pour assister les personnes infectées et mieux défendre leurs droits. Les lois sur la protection de ces personnes sur le continent africain sont inspirées d'une loi type dite de N’Djamena (Tchad), adoptée, en 2004.

 

Ce texte comporte des insuffisances qui demandent à être corrigées. Une autre loi adoptée en 2006 traite des aspects spécifiques des règles de prévention, de prise en charge et du contrôle du VIH-Sida. Elle assimile, par exemple, la transmission volontaire du virus du Sida à une personne à une tentative de meurtre. Dans une de ses dispositions, elle oblige la personne infectée à informer son conjoint de son statut sérologique dans les 6 semaines qui suivent la découverte de la maladie.

 

Les associations de personnes vivant avec le virus de la maladie et les acteurs de la lutte anti-sida jugent cette disposition inique. Béchir N’Daou a abondé dans le même sens en la jugeant arbitraire, dangereuse et irrespectueuse. Le conseiller aux droits de l’homme du PNUD rappelle qu'une loi même si elle découle d'une bonne intention doit s'appuyer sur des principes et normes pouvant faire avancer les choses.

 

Pour Mamady Diakité, le Mali doit d'être un modèle dans toutes les actions de lutte contre le Sida du fait de l'engagement politique des plus hautes autorités et de ses résultats dans la lutte contre la pandémie. Toutes les lois sur le VIH-Sida dans les pays d'Afrique comportent des insuffisances. Certains pays ont commencé à réviser les leurs ou à adopter de nouvelles lois, d'autres traînent encore les pieds. 

 

Dans notre pays, la société civile souhaite une révision de cette loi surtout que ses textes d'application n'ont pas encore suivi. Elle entend aussi faire porter les efforts de communication sur la loi. Une autre difficulté exprimée par les acteurs de la société civile est l'incompréhension de la loi par les acteurs concernés. Ben Wahab a partagé ce point de vue. De son point de vue, les personnes vivant avec le VIH-Sida ne sont pas des experts pour appréhender les subtilités de la loi. Modibo Kané a indiqué que son réseau avait confectionné des brochures pour sensibiliser les acteurs concernés dans ce sens.

 



11/10/2010
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