Portrait d'un activiste de l'éthique au Cameroun

Calice TALOM YOMGNE : Un scientifique porte-parole des PvVIH

 

Patricia Ngo Ngouem

4 août 2010

 

 

Membre du comité scientifique de L’ANRS en France, il a créée une association qui veille au respect de l’éthique dans la recherche médicale.

 

Calice TALOM YOMGNE fait partie de ces personnes qui exercent le métier dont elles ont toujours rêvé de faire. Le sien, c’est biochimiste. « J’ai toujours voulu faire des études médicales ; c’est la raison pour laquelle je me suis orienté vers les sciences, avec l’intention de faire de la recherche ou des études de pharmacie », explique-t-il. Après l’obtention de son baccalauréat D, c’est à la Faculté des sciences naturelles de l’Université de Yaoundé I qu’il se dirige, après avoir raté le concours du CUSS (aujourd’hui Faculté de médecine et des sciences biomédicales, FMSB). D’où il en sortira nanti d’une licence en biochimie obtenue avec mention. Ces études universitaires, « Chase man » - surnom qui lui a été donné par ses camarades et dont il ne connaît toujours pas la signification – aurait bien aimé les poursuivre. L’impossibilité d’avoir un directeur de mémoire en quatrième année, combinée à certaines difficultés familiales et financières, le contraignent donc à interrompre précocement ses études.

 

Le jeune biochimiste, animé par le désir de mener des recherches sur les maladies du sang, rejoint peu de temps après la branche camerounaise de L’ONG internationale Sidalerte basée à Lyon en France, à l’initiative du Pr Lazare KAPTUE, alors président national de cette ONG. Son rôle dans cette structure dont il sera nommé le représentant à Douala en 1996 avant sa démission plus tard, était de « recevoir les personnes qui venaient d’apprendre leur statut sérologique, les conseiller, leur donner les moyens pour l’achat des médicaments contre les infections opportunistes. » Il créé alors le Réseau sur l’Ethique, le Droit et le Sida (REDS), suite aux problèmes d’éthique liés aux travaux de recherches et aux essais cliniques qui étaient pratiqués sur certains patientes, notamment des prostituées. « En côtoyant le monde de recherche, je me suis rendu compte que les chercheurs travaillaient avec des prélèvements de sang sans en informer les concernés. Il fallait donc absolument intégrer les aspects éthiques liés à la recherche médicale afin de protéger les populations », justifie-t-il la naissance du REDS, une association qui a pour but, entre autres, «de faire une analyse critique des politiques publiques en matière de lutte contre le sida, d’apporter une assistance juridique aux personnes vivant avec le VIH-Sida. Bref, le REDS veut participer à la veille éthique sur les projets de recherche mis en œuvre au Cameroun.

 

Depuis mai 2010, Calice TALOM YOMGNE est devenu membre du comité scientifique sectoriel n°6 de l’Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites (ANRS), un comité de recherche des financements des travaux de recherches menées dans les pays du Sud. « Mon rôle est de m’assurer que les projets de recherches qu’on veut mener dans ces pays correspondent aux priorités desdits pays, même si les résultats peuvent aider les pays du Nord qui apportent les financements », assure-t-il. N’allez donc pas lui dire qu’il s’est éloigné de son rêve premier qui était de travailler dans les laboratoires. « Je ne me suis pas éloigné car je suis resté dans le monde de la recherche, pas comme un praticien de laboratoire, mais comme quelqu’un qui, par ses connaissances du milieu scientifique, peut utiliser ses compétences pour contrôler ce que les hommes de science font, s’assurer que cela se fait dans le respect de l’éthique dans le but de protéger les populations. »

 

 

Article disponible à l’adresse suivante :

http://www.quotidienmutations.info/aout/1280905952.php

 



05/08/2010
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